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Accoucher à la maison ne vous garanti pas un accouchement de rêve


Je souhaite avant toute chose dissiper un malentendu qui pourrait s'installer entre nous après la lecture du titre: je pense qu'accoucher chez soi devrait être la norme. Pas seulement une alternative à la maternité, mais juste le lieu toujours cité en premier et évident lorsque l'on parle grossesse et accouchement.

J'ai moi même donné naissance à deux de mes enfants (sur trois) chez moi et bien sûr, si je devais donner encore naissance ce serait dans la douceur de mon foyer, sans aucun doute (sauf si pathologie avérée).

La première fois que j'ai accouché à la maison, j'étais déjà sûre et certaine que mon corps savait faire le travail, j'avais lu toutes les sources à propos de la physiologie de la naissance, j'étais accompagnée par une sage femme qui avait confiance en moi et avec laquelle nous étions sur la même longueur d'onde. Le mot d'ordre était la CONFIANCE et cela ne m'a jamais quitté. J'ai vécu un moment inoui et inoubliable. Je me sentais bien, puissante, j'ai vécu ce que certains appellent une naissance orgasmique. C'était tellement fort et agréable que j'ai pleuré. Pas de fatigue, de douleur... non j'ai peuré parce que c'était DEJA finit.... Toute extasiée et imprégnée d'homones les premières semaines avec bébé se sont très bien déroulées, je n'ai même pas eu de baby blues.


La deuxième fois, c'était très similaire et complètement différent. J'ai ressenti la puissance inscroyable, la force. Mais avec toutes les connaissances que j'avais sur ce qui pourrai se passer mal, le fait que j'étais "plus âgée" et bien que j'aie confiance toujours en moi et dans ma sage-femme (qui était une sage femme différente mais avec qui nous avions nouer des liens de confiance importants aussi) j'ai ressenti une peur, peur de la douleur et effectivement il me semble avoir eu un peu plus mal et en tout cas je n'ai pas ressenti ce plaisir "orgasmique". Et puis accoucher est devenu un acte presque normal, de la vie quoi. Bref j'ai été un peu déçue de ne pas ressentir autant d'exaltation. Et cela m'a un peu chiffoné. Je me suis demandé pourquoi je n'avais pas ressenti exactement la même chose alors que j'accouchais chez moi, que tout s'est passé comme sur des roulettes. Que toutes les conditions étaient parfaites. Les jours qui ont suivis, j'ai eu l'impression parfois d'être moins attachée à mon bébé, j'ai connu un baby blues (court heureusement)...ALORS POURQUOI?



J'entends, je lis parfois des témoignages de femmes qui ont accouché chez elles et qui sont déçues. Elles n'ont pas vécu la promesse fabriquée de toute pièce par les réseaux sociaux, les témoignages de femmes qui ont vécu l'accouchement de leur rêve, les entreprises qui veulent vendre leurs méthodes, leurs cours etc...

Un des grands pouvoirs positifs des réseaux sociaux est de rendre visible, de faire entendre des voix jusque là inaudibles, de démocratiser en offrant toutes sortes d'informations. Ils facilitent les témoignages, les échanges et des communautés se créent autour de sujets extrêmement variés. Le point négatif c'est qu'ils finissent aussi par être des "fixateurs" de normes, avec la puissance des images et des témoignages. Les images sont omniprésentes, jolies, pleines d'émotions...Elles sont là pour créer l'envie, l'émotion justement...avec cette tendance à ne montrer que les choses belles, extraordinaires, les exeptions, les hors du commun...Associées à tous ces nouveaux business qui vendent des programmes, des formations pour vivre le moment le plus merveilleux de votre vie (comme si il y a avait une méthode!) ou pour REUSSIR votre accouchement, finalement tout cela crée une norme de l'accouchement à la maison, de ce que la femme doit vivre pendant son accouchement, avec le but utlime d'atteindre donc l'orgasme...Voilà on y est: il vous faut une piscine d'accouchement, il vous faut des bougies, il vous faut un photographe, il vous faut un joli soutient gorge et être bien épilée et c'est bon.

De tout ça il ressort donc que nous sommes dans l'attente de vivre quelque chose de fort, extraordinaire voire orgasmique mêlé à la notion de "réussite"... Et mêlé aussi à une sorte de concurrence: tant de femmes vivent un accouchement merveilleux, moi aussi je le mérite, je ne suis pas moins bien, j'en suis capable...


Sauf que, qui dit "attentes" dit aussi risque plus élevé de ressentir de la deception. Et l'on sait bien que tous les accouchements sont différents et que c'est le moment de notre vie où nous avons peut être le moins de "prise" possible, nous ne pouvons pas contrôler ni ce qu'il va se passer dans notre corps, ni les émotions qui vont nous traverser.

Si il y a un transfert à l'hôpital peu importe la raison: nous ressentons un sentiment d'echec. Nous n'avons pas réussi.

Si nous avons eu mal, eu peur et que nous n'avons pas trouvé cela plus agréable que cela: nous ressentons de la culpabilité, et cela signifie sûrement que nous ne sommes pas des "élues"

Si nous avons tout bien fait, suivi tous les cours, les formations, préparer le meilleur environnement et que tout s'est bien passé mais que nous n'avons pas ressenti LE truc de folie, ou la toute puissance: nous sommes déçue. Le résultat escompté malgré toute notre préparation n'est jamais arrivé.


Et revenons à ma deuxième expérience, qui m'a un peu laissée mi-figue mi-raisin. Pourquoi donc je n'ai pas ressenti exactement la même chose que la fois d'avant? Et bien je pense que justement, après une expérience aussi puissante, j'avais certaines attentes malgré moi. Et puis j'ai eu peur de ressentir plus de douleur. Ces deux éléments ont teinté mon expérience et empéché un total lâcher prise. Un autre élément doit être pris en compte: la durée de l'accouchement. Il a été plus rapide que mon deuxième. Je n'ai pas eu le temps de réaliser quoi que ce soit...aussi parce que j'étais déjà embarquée à fond, mon cerveau était complètement déconnecté de la réalité. Pour tout vous dire je n'avais pas conscience (malgré que ce soit mon 3ème accouchement et que je connaise sur le bout des doigts les étapes, les signes etc...) que la naissance était imminente. C'est arrivé très vite et j'ai été prise de court vis à vis de ce que je m'étais imaginé vivre.




Alors quoi? Qu'est ce qu'on fait?

Déjà on ne choisit pas d'accoucher à la maison parce que "ça a l'air sympa et c'est à la mode", ou encore parce qu'on veut faire plaisir à quelqu'un. On choisit d'accoucher à la maison parce qu'on sait que c'est là qu'on se sent le mieux, le plus en sécurité. Si vous n'êtes pas convaincue de la sécurité de l'aad, alors peut être qu'une maison de naissance ou un pôle physiologique sera plus sécurisant pour vous.

On choisit une sage femme avec qui on se sent bien (alors oui, je sais il ya de moins en moins de choix donc généralement quand on trouve une sage femme, et bien on est contente. Pour trouver une sage-femme, rendez vous sur le site de l'APAAD et vous pouvez contacter aussi le CDAAD). Une personne avec qui vous allez pouvoir développer une vraie relation de confiance réciproque. Une sage femme qui va vraiment respecter la physiologie et vous respecter (oui même des sages-femmes qui accompagnent les Aad peuvent ne pas être respectueuses de vos choix, de votre consentement, de la physiologie: elle parle tout le temps, elle vous demande de vous mettre dans une position pour faciliter son examen, elle vous examine sans arrêt, elle veut imposer un monitoring...). Tous ces points sont à discuter avec elle lors de vos premières rencontres.

Travaillez votre confiance en vous! Une fois que vous avez trouvé la sage-femme qui vous accompagnera parlez lui de ce qui vous préoccupe, de vos peurs, posez lui toute sorte de questions, même celles qui vous semblent stupides.

En complèment vous pouvez travailler avec une doula! Elle pourra vous apporter des informations et vous proposer un accompagnement sur mesure avec des outils différents et complémenaires de ceux de votre sage-femme: chant prénatal, relaxation, hypnose, sophrologie, massage... Elle pourra aussi être présente à votre accouchement et vous offrir un soutient supplémentaire.

Connaissez vos besoins, ce qu'est la physiologie de la naissance et préparez un environnement favorable en vous basant sur VOUS. Vous pouvez tout à fait lire des témoignages, discuter avec des personnes qui ont déjà fait l'expérience, discuter des aspects pratiques. Il y a de très bons livres et de très bons films documentaires qui peuvent vous aider à vous préparer. Mais vos besoins, vos envies vos goûts et votre bien être doivent rester au centre. Il ne faut pas oublier non plus que votre histoire personnelle, votre dossier médical ne peuvent être identiques à aucune autre personne et qu'ils auront des conséquences sur votre vécu.

Laissez la porte ouverte à tous les POSSIBLES. Laissez tomber la culpabilité et l'idée de perfection. Peut être qu'au bout d'un moment vous aurez vraiment envie d'une péridurale. Peut être que bébé aura des difficultés à descendre. Peut être que ce sera beaucoup plus intense que ce que vous vous étiez imaginé. Peut être que vous vous sentirez au bout du rouleau. Peut être qu'en fait vous n'êtes pas bien dans l'eau. Peut être que la musique que vous aviez choisie vous enerve. Peut être que vous aurez l'impression de vous casser en deux. Peut être que vous trouverez qu'il n'y a rien d'exceptionnel.

Sachez que quoi qu'il arrive, vous AUREZ FAIT LE MEILLEUR, vous êtes GÉNIALE ET FORTE.


La maison est le MEILLEUR endroit pour se prémunir au maximum des violences obstretricales, et favoriser une naissance et un accouchement sans instrument, physiologique, plus respecteux de la mère et du bébé. Mais la vérite c'est que personne et rien ne peut vous garantir que votre accouchement sera merveilleux. Sauf vous-mêmes: en lâchant prise sur vos attentes, sur vos illusions, en vous connectant à vos sensations, en vous autorisant sans culpabilité à choisir un chemin différent que celui que vous aviez prévu au départ.


Quoiqu'il arrive: VOUS AVEZ RÉUSSI.

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